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TERMINUS MORTEL À MATABIAU
Bien que l’essentielle de l’action de ce roman se situe aux abords de la gare de Toulouse-Matabiau, l’intrigue débute le 12 octobre 2014 à des centaines de kilomètres de l’Occitanie, dans la « jungle » de Calais. D’abord dans un camion où une jeune migrante tente de passer vers l’Angleterre, que nous retrouvons ensuite cachée dans une trappe, compressée dans une locomotive aux couleurs d’Eurotunnel. Le rêve d’une vie meilleure se transforme en cauchemar d’une mort absurde quand un incendie se déclare à bord de l’engin, brûlant le corps emprisonné.
Mais tout de suite, le lecteur est transporté à Toulouse, à la fin du mois d’octobre 2014. Jérôme, le “Chinoir”, surnom hérité de sa double origine – antillaise et asiatique –, subit le mauvais caractère du nouveau capitaine du SRPJ de la ville. Son amie Audrey, une jeune femme aussi belle qu’imprévisible, n’en a toujours pas fini avec son passé mal digéré.
Alors quand le corps d’un cheminot heurté par un train est retrouvé aux abords de la gare Matabiau, il se lance alors dans une enquête compliquée. Ce qui est certain, c’est qu’il n’est pas bon de traîner dans l’établissement régional de maintenance de la région Midi-Pyrénées, autrement baptisé ERM 2 dans la grande tradition de l’acronyme chère à la SNCF, où la victime s’occupait de l’entretien des AGC. Un site flambant neuf qui fait forte impression sur les enquêteurs : « À l’intérieur, les dimensions de l’atelier surprirent les deux policiers, autant par la longueur que la hauteur. Et, bien plus impressionnant encore, les deux rames étincelantes, bleues et blanches, comme suspendues dans le vide sur des rails sur pilotis, à un mètre cinquante au-dessus du sol. Tout était éclatant de propreté et exhalait la peinture fraîche. Le revêtement immaculé reflétait les innombrables néons accrochés aux pilotis, inondant d’une clarté éblouissante les rames. » Une ambiance aseptisée qui n’empêchera pourtant pas le sang de couler…
Deuxième polar de Philippe Beutin dans la collection Du Noir au Sud, Erreurs d’aiguillage repose sur une intrigue plutôt bien ficelée. L’auteur connaît intimement son sujet, puisqu’il est cheminot. Il admet d’ailleurs en fin de volume avoir simplifié les procédures de sécurité de la SNCF. Il n’empêche, son expertise de la chose ferroviaire donne toute son épaisseur à cette histoire qui se lit d’une traite. Une lecture parfaite pour les derniers jours de vacances !
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